Tout vert

20/12/2022 - 10:38

La COP 27 (récente conférence des Nations unies sur le changement climatique en Égypte) fut l'occasion de parler de restauration écologique, de boisement et de reboisement. Nous l'avons fait avec Luis Gonzalo Moscoso Higuita, directeur et représentant légal de la société FORESTPA S.A.S, en Colombie.

Luis a plus de 40 ans de solide expérience pratique et de connaissances scientifiques dans le domaine du boisement, du reboisement, de la restauration écologique, de l'aménagement paysager urbain et de bassins versants, pour n'en citer que quelques-uns.

Il a conçu, dirigé et exécuté plus de 400 projets en Colombie. Il a été l'architecte du premier projet en Amérique du Sud visant à échanger des crédits de carbone générés par l'établissement de plantations forestières avec des espèces indigènes sur le marché volontaire.

Il a également effectué un travail de pionnier dans les basses terres du Cauca Antioqueño, en Colombie, en dirigeant un processus de restauration forestière réussi et rentable dans des sols fortement dégradés par l'exploitation de l'or alluvial sous les tropiques.

La plantation d'arbres est souvent présentée comme l'un des outils les plus efficaces pour promouvoir et conserver la biodiversité et lutter contre la crise climatique, car les arbres séquestrent, stockent le carbone et libèrent de l'oxygène. Mais pas n'importe comment. Si le projet n'est pas bien planifié, il peut en fait augmenter les émissions et endommager les écosystèmes.

Luis, il existe de nombreuses espèces d'arbres et de plantes dans vos projets de revégétalisation.

Oui, il faut planter beaucoup d'espèces pour obtenir une forêt aussi semblable à celle qui a disparu. Lorsque je développais notre concept de forêt, je pensais que c'était évident, mais je constate que les connaissances sur la création du bon contexte pour faire pousser une forêt sont limitées. C'est pourquoi, dans ma dernière publication intitulée "Le sentiment… naturel", j'ai écrit douze critères sur la façon de planter une forêt.

La culture d'une forêt demande de la responsabilité, des connaissances, une expérience pratique et une réflexion sur ce qu'il faut faire en fonction de la région et plus encore dans un pays comme le nôtre où chaque mètre est différent, totalement différent. Nous arrivons à être si précis parce que nous ne restaurons pas seulement la flore mais aussi la faune, en impliquant des espèces qui sont appétentes pour les insectes et même les mammifères. Cette mégafaune se produit parce qu'il y a des pécaris et deux ou trois autres espèces, dont ils ont besoin pour survivre. Il y a aussi d'autres espèces mineures et un grand nombre d'oiseaux et de chauves-souris, grâce à cette forêt établie, qui contient aujourd'hui plus de 200 espèces indigènes. En bref, nous avons réussi à restaurer toute la chaîne et cela n'aurait pas été possible sans avoir établi toute cette biodiversité d'espèces végétales.

Il convient de noter que la base de ces projets est une décharge, des terrains miniers abandonnés, des pâturages abandonnés à cause du surpâturage et des terres dégradées par l'agriculture en raison de pratiques inappropriées.

Quand considérez-vous qu'un projet environnemental est réussi et quelle est la clé pour y parvenir ?

Le projet est réussi lorsqu'il y a une responsabilité environnementale et sociale. Il implique également des aspects culturels, économiques et politiques. Il s'agit d'une gestion intégrée, capable d'atteindre un écosystème similaire à celui qui est intervenu, voire meilleur. Nous insistons beaucoup sur ce point. Nous avons déjà réussi à convaincre un certain nombre d'entrepreneurs que les projets doivent être réalisés en regardant sous tous les angles et qu'il ne s'agit pas d'une dépense, mais d'un investissement.

"Pour moi, le succès est au rendez-vous lorsque l'équilibre, l'harmonie et la durabilité sont établis avec la nature. Lorsque nous oublions ou ignorons la nature, nous détruisons la richesse pour générer la pauvreté".

Comment en êtes-vous venu à réaliser ces projets environnementaux ?

Je suis né dans la jungle et j'ai été témoin de la destruction des forêts où j'ai grandi. Je pensais que la jungle allait durer toute une vie, mais je l'ai vue disparaître en moins d'une génération. C'est donc là que j'ai posé mon hypothèse de vie, où je suis arrivé à deux conclusions. Premièrement, j'ai réalisé que ces ressources n'étaient pas durables. Je n'avais jamais imaginé que même une rivière pouvait disparaître en moins de vingt ans. Et deuxièmement, que personne ne savait comment gérer le patrimoine que nous avions, en garantissant la durabilité.

Nous avons réussi à restaurer des paysages dégradés qui mettent à nu la roche-mère, comme le projet Cuturú sur les rives de la rivière Nechi dans le nord d'Antioquia, ou à planter sur du béton, comme les jardins verticaux et les terrasses des bâtiments.

Photo de gauche : Restauration de l'ancienne mine d'or à ciel ouvert de Cuturú, peu après la plantation.
Photo de droite : Le même site 4 mois après la plantation. Après 3 ans, des espèces indigènes sont plantées telles que le caroubier, le saman, l'arbre à oreilles d'éléphant et le frêne, en utilisant les espèces étrangères comme arbres nourriciers.

Jardins verticaux à Medellín

Aujourd'hui, il existe toute une gamme d'outils pour rétablir les forêts avec succès et nous les utilisons : des engrais, des conditionneurs de sol, des amendements, et même des composants biologiques qui nous permettent d'assurer cet équilibre.

"Pour chaque arbre que nous plantons - et en moins d'un an nous avons des arbres jusqu'à cinq mètres de haut - nous utilisons 30 grammes de TerraCottem et dans les aménagements paysagers nous utilisons jusqu'à 50 grammes répartis de la manière suivante : nous appliquons 25 grammes au fond du trou de plantation, puis nous le remplissons à moitié de substrat et nous ajoutons les 25 grammes restants et nous procédons au scellement final du trou de plantation".

Nous ajoutons également le biosubstrat fabriqué par Forestpa.

Comment avez-vous connu TerraCottem ?

Mon père adoptif Helmut Luecker, le premier à importer TerraCottem en Colombie, me l'a montré. J'ai vu le travail que le Professeur Van Cotthem et son équipe faisaient dans le Sahara et je m'y suis intéressé. J'ai fait beaucoup d'essais et j'en ai conclu que ce produit avait tout ce que je voulais : des macronutriments, des micro-éléments, une très bonne addition de roche volcanique, des précurseurs de croissance et, en plus de cela, des polymères hydro rétenteurs dans un pourcentage élevé. J'ai trouvé dans TerraCottem le produit qui a tout en un.

Depuis combien d'années déjà nous nous connaissons ?

Plus de quinze ans je pense.

Comment TerraCottem vous aide-t-il dans votre travail ?

Il m'aide à garantir la survie des plantes et à obtenir une bonne croissance et, par conséquent, l'amélioration économique et qualitative de toutes les espèces que nous plantons. J'utilise 30 à 50 grammes par arbre, et lorsque je transplante des arbres adultes et centenaires, j'utilise jusqu'à un kilogramme.

En quoi votre travail se distingue-t-il de la concurrence ?

Forestpa, c'est la passion, l'innovation et l'art. Nous avons un éventail d'activités totalement distinct, car nous traitons trente disciplines différentes dont certaines ont été énumérées précédemment. Il y a des connaissances approfondies et du dévouement. Nous étudions tous les jours et appliquons ce que nous apprenons sur le terrain. Nous avons également parrainé de nombreuses thèses et nous faisons de la recherche. Il est donc plus difficile pour la concurrence de nous suivre.

Revégétalisation d'une pente en béton

Un projet particulier dont vous aimeriez nous parler ?

En ce moment, nous travaillons sur la réserve naturelle Essenza à Rionegro, dans la province d'Antioquia. Il s'agit d'un terrain de 66 hectares comprenant 136 lots résidentiels.

Nous y faisons du boisement, c'est-à-dire que nous créons une forêt là où elle n'existe plus parce qu'elle a été détruite. Il y a également une restauration écologique avec des espèces allant des graminées aux arbustes, en passant par les palmiers et les arbres. L'amélioration du paysage à Essenza comprend plus de vingt systèmes de revégétalisation, c'est-à-dire la couverture de toutes les pentes laissées à découvert par la coupe et le nivellement. Nous utilisons plus de cinquante espèces, dont des plantes herbacées, grandes et petites, des arbustes, des arbres et des palmiers.

Le projet nécessitera environ un demi-million de semis des plantes et des arbres susmentionnés, plus toute la végétalisation qui dépasse soixante mille mètres carrés. En ce moment, nous travaillons sur trente mille mètres carrés avec l'ensemencement hydraulique, la revégétalisation avec des stolons, des graminées et des tapis. Cela représente un total de quarante mille plants plantés. Le site est encore en chantier mais il a déjà beaucoup changé.

Pour couvrir les besoins de ce projet, nous avons mis en place une pépinière sur place avec environ 120.000 plantes. TerraCottem est impliqué dans chaque plantation.

Plantation de semis en pente.

Pépinière établie à Essenza.

Arbres plantés sur le terrain avec TerraCottem.

Vous gérez de nombreuses plantes et arbres. Avez-vous une plante ou un arbre préféré ?

Il est difficile de répondre à cette question, car je les aime tous. Maintenant que je suis revenu d'Amazonie, j’aime le Caryodendron orinocense, le Cedrilinga cateniformis et le Pourouma cecropiifolia. Mais si je dois choisir une espèce de la forêt tropicale, c'est « l'abarco » (Cariniana pyriformis) dont je suis en train de constituer un verger à graines clonales. La semaine dernière encore, j'étais à Yolombo, dans la province d'Antioquia, et les boutures ont bien poussé. Je suis donc heureux, très heureux car l'abarco est comme ma bien-aimée.