17/02/2025 - 09:00
Lors d'une conversation enrichissante avec Didier Tytgadt et Laurens Van Hoof du Manège Dennenhof, en Belgique, nous avons plongé dans l'univers fascinant de l’hippothérapie. Bien plus qu’une simple activité physique, cette pratique met en lumière le rôle exceptionnel des chevaux dans le renforcement de la résilience mentale et de la confiance en soi. Situé à Landegem, Manège Dennenhof est depuis des décennies un véritable sanctuaire, accueillant enfants et adultes de toutes capacités. Portée par l’engagement indéfectible de ses bénévoles et de son personnel, cette organisation à but non lucratif œuvre sans relâche pour rendre les séances thérapeutiques accessibles, surmontant avec brio de nombreux défis. Rejoignez-nous pour découvrir le lien profond qui unit les humains et les chevaux, comment cette relation unique transforme des vies et comment l’équipe TerraCottem va contribuer à cette incroyable mission !
Intervieweurs: Dominique Clicteur - Davy Ottevaere |
Laurens et Didier, nous sommes ici sur la recommandation de notre collègue Dominique Clicteur, qui tient votre organisation en haute estime. Dominique, qui nourrit elle-même une passion pour les chevaux et en est propriétaire, voue une grande estime à votre organisation. C’est donc tout naturellement qu’elle a choisi l’asbl Dennenhof comme bénéficiaire de notre défi d’équipe “L’équipe TerraCottem marche pour la bonne cause”.
Dominique, avant de commencer, pourrais-tu nous expliquer brièvement pourquoi tu as choisi l’asbl Dennenhof ?
Dominique
Lorsque notre équipe a été invitée à proposer des organisations caritatives dans le cadre de notre initiative pour 2025 « TerraCottem marche pour la bonne cause », l'asbl Manège Dennenhof a été la première organisation qui m’est venue à l’esprit. Je connais Laurens et sa famille grâce à notre passion commune pour l’équitation, ainsi qu’à travers les événements de cross-country à Merendree, auxquels je contribue à l’organisation. Manège Dennenhof, avec son travail remarquable en hippothérapie, apporte un impact profond et transformateur dans la vie des personnes en situation de handicap, et son engagement mérite véritablement d’être soutenu. J’ai ressenti une immense joie et une grande fierté lorsque « mon » projet a été sélectionné.
"Les chevaux jouent un rôle très important dans ma vie. Ils me donnent de l’énergie, m’aident à me détendre et me permettent de rencontrer de nouvelles personnes et de nouer des contacts sociaux. Grâce à eux, je me sens connectée aux autres et à moi-même."
Qui est Dominique (surnom Mieke) Clicteur? Rencontrez ici, la dame en charge de la comptabilité de TerraCottem. |
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Merci d’avoir pris le temps de nous rencontrer, messieurs. Pourriez-vous vous présenter brièvement afin que nos lecteurs puissent faire connaissance avec les personnes avec lesquelles nous sommes assis aujourd’hui ?
Didier
Certainement. Je m’appelle Didier Tytgadt, et je suis impliqué dans le Manège Dennenhof depuis la fin des années 1980. Mon aventure a commencé grâce à la De Ronde Tafel, l’un de nos principaux sponsors, par le biais de laquelle j’ai intégré l’organisation. Plus tard, lorsque j’ai atteint la limite d’âge de 40 ans et quitté la Table Ronde, je suis devenu administrateur indépendant. Il y a trois ans, j’ai eu l’honneur de prendre la présidence de l’asbl Dennenhof, après avoir occupé divers postes, notamment celui de trésorier.
Sur le plan professionnel, j’étais propriétaire d’une entreprise de construction à Ostende, ce qui m’a permis de contribuer concrètement au développement du centre. Par exemple, j’ai participé à l’agrandissement des écuries intérieures pour offrir davantage d’espace et garantir la disponibilité de suffisamment de chevaux pour les séances d’hippothérapie.
Laurens
Je m’appelle Laurens Van Hoof, et je suis coordinateur du Manège Dennenhof depuis 2018. Mon rôle consiste principalement à superviser les opérations quotidiennes du centre équestre, sous la direction de Didier et du conseil d’administration. Mon lien avec le centre remonte à bien des années : j’y ai mis les pieds pour la première fois à l’âge de huit ans (rires). Mon père travaillait à MFC Ten Dries juste à côté, et pendant les vacances, je venais souvent aider avec les chevaux, bien souvent aux côtés de Vincent Marecaux, l’un des fondateurs du centre équestre.
À l’âge de 16 ans, je suis devenue moniteur pour les camps de vacances et les cours du week-end. Par la suite, je me suis éloignée du centre pendant quelques années pour poursuivre mes études, avant de travailler pendant cinq ans dans l’industrie automobile, principalement à l’étranger. Cependant, lorsque j’ai appris qu’un poste de coordinateur s’ouvrait au centre, je n’ai pas hésité une seule seconde. Ma passion pour les chevaux, que nous avons toujours eus à la maison, m’a poussée à saisir cette opportunité sans réfléchir. Et me voilà ici aujourd’hui (rires).
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Président Didier Tytgadt (à gauche) et coordinateur Laurens Van Hoof (à droite) |
Didier
Je peux tout à fait comprendre ce que Dominique vient de dire. J’ai été élevée dans un environnement très strict, et les chevaux sont devenus un véritable exutoire pour moi.
"Un cheval possède une capacité extraordinaire à percevoir l’état émotionnel d’une personne. Il se crée un véritable échange entre les deux : une personne peut apaiser un cheval, mais bien souvent, c’est le cheval qui exerce en retour une influence apaisante sur la personne."
Peux-tu nous décrire brièvement où nous nous trouvons ?
Laurens
Nous nous trouvons actuellement dans la salle de réunion du centre équestre Dennenhof à Landegem, une commune de Deinze. Notre centre équestre est en fait un centre d’hippothérapie, pour adultes et enfants avec ou sans handicap.
En quelle année Manège Dennenhof a-t-il été fondé ?
Didier
Officiellement en mars 1983 : c’est à cette date que les statuts de « l’asbl » sont parus au Journal Officiel.
En réalité, les racines de notre travail remontent à 1976, lorsque Vincent Marecaux a commencé à intégrer les chevaux dans sa pratique de kinésithérapie. Tout juste diplômé, il a commencé modestement en utilisant le pré situé à côté de Ten Dries pour permettre aux personnes en situation de handicap de découvrir les bienfaits de l’équitation. Avec un seul cheval au départ, il est rapidement passé à deux, puis a continué à développer cette initiative avec passion.
Par la suite, le Dr Eric Veys a joué un rôle déterminant en organisant une vaste campagne de parrainage pour réunir les fonds nécessaires à la construction d’un manège couvert. Grâce à cette initiative, les activités thérapeutiques ont pu se poursuivre toute l’année, quelles que soient les conditions météorologiques.
Combien de personnes travaillent ici à temps plein ?
Didier
VL’équipe permanente se compose de trois personnes : Laurens, Kim notre équithérapeute, et Maïté notre soigneur animalier.
Laurens
En plus de notre équipe principale, nous pouvons compter sur une douzaine de bénévoles qui viennent chaque semaine nous prêter main-forte pendant une demi-journée. Ils participent à des tâches telles que promener les chevaux ou s’occuper d’eux.
Nous avons également la chance de collaborer avec une dizaine de « travailleurs encadrés », des personnes souffrant d’un handicap mental mais physiquement très capables. Leur contribution est précieuse : ils nettoient les écuries, ajoutent de la paille fraîche, distribuent du foin, conduisent les chevaux au pâturage et les ramènent, entre autres tâches.
Outre l’hippothérapie, l’aide à l’emploi constitue le deuxième pilier de notre mission. Ces travailleurs encadrés nécessitent un certain niveau d’accompagnement, car ils ne peuvent pas travailler de manière totalement autonome.
Pour leur faciliter la tâche, nous avons développé un système de code couleur utilisé dans tout le centre. Ce système leur permet d’identifier facilement l’équipement adapté à chaque cheval et de s’assurer que tout est remis à sa place après usage. Même les peignes pour le pansage sont codés par couleur (rires), ce qui rend le processus beaucoup plus intuitif et accessible pour tous.
Didier
En effet, la mission sociale de nos écuries dépasse largement le cadre de l’hippothérapie. Nous nous engageons à offrir aux personnes souffrant d’un handicap mental léger la possibilité de participer activement à la société. En s’investissant dans des tâches utiles, elles peuvent non seulement rester actives, mais aussi contribuer à leur environnement et ressentir cette satisfaction profonde liée au fait de se sentir valorisées et utiles.
Qu’est-ce que l’hippothérapie ?
Laurens
L’hippothérapie est un terme large qui englobe différentes approches. Elle peut être envisagée sous un angle psychologique, en se concentrant sur le bien-être mental, ou sous un angle physiothérapeutique, visant à améliorer les capacités motrices. Bien souvent, ces deux dimensions se combinent pour offrir des bénéfices complémentaires.
Au Manège Dennenhof, nous mettons principalement l’accent sur l’aspect moteur, plutôt que sur le coaching mental ou le conseil psychologique.
Nous intégrons également des exercices visant à améliorer l’équilibre, comme l’utilisation des bras, le jeu avec un ballon ou d’autres activités similaires.
Un autre aspect clé de notre travail est le développement de la conscience corporelle. Par exemple, nous guidons les participants avec des instructions telles que : « Placez votre main gauche sur votre épaule droite ».
Bien entendu, l’aspect mental reste également important. Être sur un cheval procure un véritable sentiment de connexion et d’unité avec l’animal, ce qui renforce le bien-être général des participants et leur procure un véritable moment de sérénité.
"Nos patients, souvent habitués à se déplacer en fauteuil roulant, voient généralement le monde depuis une position basse. Mais lorsqu’ils montent à cheval, tout change : ils se retrouvent surélevés, avec une toute nouvelle perspective, et peuvent enfin contempler le monde d’en haut."
Cet aspect mental est essentiel : se sentir « seigneur et maître » ne serait-ce qu’un instant. C’est prendre conscience que l’on peut accomplir quelque chose ici, que l’on a un rôle actif. Réaliser que l’on veut se rendre d’un point A à un point B et, au lieu d’être poussé dans un fauteuil roulant, être capable d’y aller soi-même, grâce à son cheval. C’est une différence profonde : avoir l’autonomie de décider où l’on veut aller, plutôt que de dépendre de quelqu’un d’autre pour nous y conduire.
Didier
Le contact physique avec le cheval ne doit pas être sous-estimé. La plupart de nos chevaux ne sont pas sellés, car nous voulons que les patients puissent ressentir directement la chaleur du corps du cheval. Cette sensation, proche du contact peau à peau, est d’une importance capitale, comparable à celle du contact physique entre les personnes.
Nos chevaux sont incroyablement attentifs aux limites des cavaliers et réagissent avec une grande sensibilité. Les bienfaits pour les patients vont bien au-delà de l’aspect purement cinétique : ils renforcent leur dos et leur musculature générale. Par ailleurs, sur le plan mental, cet entraînement agit comme un puissant stimulant.
Tous ces éléments réunis contribuent à améliorer significativement le bien-être des patients. Ils gagnent en confiance, notamment grâce au sentiment de contrôle qu’ils éprouvent en maîtrisant un animal aussi imposant. Cette prise de conscience – qu’ils ne sont pas entièrement soumis ou dépendants – leur donne la force et la conviction qu’ils sont capables d’accomplir des choses par eux-mêmes !
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Pourriez-vous nous en dire davantage sur le déroulement d’une séance d’hippothérapie ?
Laurens
Une séance dure généralement environ 30 minutes. Nous limitons cette durée, car des séances plus longues, d’une heure par exemple, demanderaient un effort physique trop intense pour nos patients, dont les muscles ne sont souvent pas capables de supporter une telle sollicitation.
Chaque séance est adaptée aux besoins spécifiques de chaque patient. Par exemple, un enfant présentant une tension musculaire importante mais une musculature sous-jacente faible peut, au départ, réussir à s’asseoir droit grâce à cette tension excessive. Cependant, à mesure que la tension diminue, il peut commencer à s’avachir ou à se pencher davantage. Dans ces cas, il nous revient d’évaluer attentivement la situation et de décider si nous pouvons prolonger la séance d’une minute ou deux en fonction de son évolution.
Combien de chevaux avez-vous au total ?
Laurens
Le centre abrite 13 chevaux de thérapie spécialement entraînés pour participer à nos séances. En parallèle, nous disposons de 10 box que nous louons à des propriétaires souhaitant mettre leurs chevaux en pension. Ces frais mensuels de location nous permettent de couvrir une partie de nos coûts opérationnels, contribuant ainsi au soutien du centre et à la pérennité de nos activités.
Sélectionnez-vous les chevaux en fonction des besoins du patient ?
Laurens
C’est une excellente question, et la réponse est oui (rires). Nous sélectionnons avec soin le cheval qui convient le mieux à chaque patient. Par exemple, nous éviterions de choisir un cheval large pour un patient ayant une mobilité limitée au niveau des jambes. De même, nous ne placerions pas une personne nécessitant un soutien important sur un grand cheval, car cela rendrait l’assistance moins pratique.
Vous collaborez donc étroitement avec les centres de soins, puisque vous mentionnez que chaque patient a des besoins spécifiques ?
Laurens
En raison de la législation GDPR, nous n’avons pas accès aux dossiers médicaux de nos clients. Cependant, les centres de soins, eux, y ont accès. Ils viennent donc nous consulter et nous expliquent : « Écoutez, ce patient présente tel ou tel problème. » À partir de là, nous engageons un dialogue pour déterminer si nous pouvons intervenir et comment.
Il est également crucial de souligner que, pour chaque patient, le physiothérapeute traitant effectue des visites ponctuelles. Cela permet d’assurer une coordination entre le traitement quotidien effectué dans le centre de soins ou en cabinet et nos séances d’hippothérapie.
Nous nous appuyons beaucoup sur le retour d’information du physiothérapeute. Par exemple, s’il y a un changement dans la prescription du patient, comme l’ajout de relaxants musculaires, il est essentiel que nous en soyons informés avant la séance à cheval.
Au centre équestre, nous avons mis en place un grand tableau, une sorte de grille, qui affiche les noms des patients programmés ainsi que les chevaux qui leur sont attribués pour la journée. Sur la base des commentaires du physiothérapeute, nous ajustons ces affectations si nécessaire. C’est également à ce moment que notre système de code couleur, mentionné précédemment, prend tout son sens. Il nous permet de garantir une organisation optimale et une adaptation précise aux besoins spécifiques de chaque patient.
Un client peut donc être amené à interagir avec différents chevaux ?
Laurens
Oui, mais cela dépend vraiment de chaque patient. Certains clients ont besoin de monter toujours le même cheval, tandis que d’autres sont satisfaits tant que le cheval correspond à un type particulier, comme un marcheur lent, par exemple.
Pour certains, un lien émotionnel fort se crée avec un cheval en particulier, ce qui rend difficile l’idée de passer à un autre cheval. Dans ces cas, nous faisons en sorte de maintenir cette connexion en attribuant toujours le même cheval. Toutefois, il nous arrive parfois d’introduire volontairement un cheval différent. Pourquoi ? Parce qu’il peut arriver qu’un cheval ne soit pas disponible, en raison d’une maladie ou d’une blessure. En cultivant une certaine souplesse, nous veillons à ce que les séances puissent se poursuivre, même si le cheval préféré n’est pas disponible.
Bien sûr, nous respectons profondément le lien émotionnel unique qui peut se créer entre les humains et les animaux. Par exemple, nous avons ici une jeune fille qui avait beaucoup de mal à s’accepter. Au centre équestre, nous avons un cheval nommé Azaro, que l’on pourrait presque qualifier d’« hyperkinétique » (rires) – il ne tient jamais en place et semble toujours prêt à travailler. Honnêtement, nous n’aurions jamais imaginé qu’un déclic puisse se produire entre eux.
Et puis, un jour, de manière totalement inattendue, cette jeune fille a passé ses bras autour du cou d’Azaro, et ils sont restés là, enlacés, pendant 15 minutes. Nous étions absolument stupéfaits : Azaro, qui d’ordinaire ne restait jamais immobile plus de deux minutes, semblait avoir trouvé une connexion particulière avec elle. C’était un moment extraordinaire à observer, un véritable témoignage de la magie qui peut naître de ces interactions.
Comment les chevaux arrivent-ils chez vous, et comment procédez-vous pour les sélectionner ?
Laurens
Nous travaillons souvent avec le même marchand de chevaux et avons conclu un accord qui nous permet de « tester » un cheval potentiellement adapté pendant quelques mois.
Un cheval doit répondre à deux critères essentiels pour être utilisé en hippothérapie : il doit être physiquement adapté – en bonne santé et bien bâti – et il doit également apprécier les séances. Il est crucial que le cheval reste calme, sans nervosité face au bruit ou aux objets comme un fauteuil roulant.
Nous introduisons progressivement le cheval à l’hippothérapie pour évaluer son adaptation. Si le processus est concluant, nous envoyons le cheval chez notre vétérinaire pour un examen de santé final. Une fois que le vétérinaire donne son approbation, nous procédons à l’achat du cheval.
Parfois, nous entendons parler d’opportunités, comme un cheval potentiellement adapté disponible ailleurs. Dans ce cas, nous cherchons toujours à obtenir une période d’essai. Il est important de noter que retirer un cheval de son environnement familier représente une transition significative pour l’animal, et nous tenons compte de ce facteur lors de son adaptation.
Au cours de la première semaine passée chez nous, il est impossible de déterminer si le cheval est adapté à l’hippothérapie. Cette période est dédiée à son acclimatation à son nouvel environnement. Nous adoptons une approche très discrète : nous lui faisons découvrir l’écurie, le manège et le pré, et nous le brossons éventuellement une fois. Rien de plus.
Durant la deuxième semaine, nous permettons au cheval d’observer une séance de thérapie, mais sans patient. Si tout se passe bien, nous introduisons le pont de montage utilisé pour aider les patients à monter sur le cheval, en veillant à ce que l’animal soit à l’aise avec le processus.
Nous observons si le cheval reste calme et immobile lorsqu’il est positionné près du pont de monte. Si c’est le cas, nous le récompensons, souvent en lui donnant à manger entre les deux ponts, afin de renforcer ce comportement. Ce processus aide le cheval à associer l’expérience à quelque chose de positif. Au bout d’un mois environ, nous sommes généralement en mesure d’évaluer si le cheval est apte à réussir dans ce rôle. Cependant, il faut parfois jusqu’à six mois pour qu’un cheval se familiarise pleinement avec son nouvel environnement et s’y sente à l’aise.
Les soigneurs de chevaux doivent-ils répondre à certaines exigences ?
Laurens
Oui, absolument. Nous commençons toujours par une réunion d’introduction afin de comprendre leur motivation. Il est essentiel qu’un bénévole soit passionné par ce qu’il va faire – il faut que son profil corresponde bien aux besoins du rôle.
L’expérience avec les chevaux est bien entendu un atout majeur. De plus, un casier judiciaire vierge est requis, et les bénévoles doivent avoir une attitude positive envers le travail avec des personnes en situation de handicap.
Une fois ces critères remplis, nous entamons un processus d’intégration. Nous leur fournissons dans un premier temps de nombreux conseils pour qu’ils se sentent en confiance et comprennent bien leurs tâches. Au fil du temps, à mesure qu’ils gagnent en expérience, nous réduisons progressivement notre supervision, les rendant ainsi plus autonomes dans leur travail.
Pouvez-vous nous faire part de certaines réussites ou de changements positifs que vous avez observés ? Par exemple, comment mesurez-vous les progrès des patients ?
Laurens
Un excellent exemple est celui d’un cavalier qui a commencé avec un soutien complet en duo, c’est-à-dire qu’il s’asseyait sur le cheval avec moi derrière lui pour le maintenir entièrement. En l’espace de trois ans, nous avons travaillé progressivement pour qu’il atteigne une autonomie significative.
Par progression, j’entends que nous avons avancé étape par étape. Au début, je le tenais fermement au niveau du bassin. Avec le temps, j’ai réduit ce soutien physique, jusqu’à ne plus le tenir du tout. Par la suite, il a réussi à s’asseoir de manière indépendante sur le cheval, mais avec un accompagnateur de chaque côté, chacun tenant un étrier pour plus de sécurité. Nous sommes ensuite passés à un seul étrier, et aujourd’hui, il monte en toute confiance avec des rênes.
Bien sûr, dans certains cas, nous ne pouvons pas toujours viser des progrès aussi ambitieux. Pour de nombreuses personnes handicapées, notamment celles qui atteignent l’âge de 40 ou 45 ans, un déclin progressif des capacités physiques est inévitable. Dans ces situations, notre objectif est de maintenir leurs capacités actuelles aussi longtemps que possible et de prévenir une régression.
Cela peut être tout aussi gratifiant. Par exemple, lorsqu’un patient commence l’hippothérapie à 40 ans et que, 20 ans plus tard, il continue encore à monter à cheval, c’est une immense satisfaction. Nous savons qu’il est possible qu’il n’aurait pas pu rester debout ou actif sans ces séances. Maintenir leurs capacités sur le long terme est tout aussi significatif que de réaliser une percée spectaculaire.
"Et il y a tant de petits moments de bonheur…"
Je me souviens très bien d’un moment avec un garçon avec lequel je n’avais jamais réussi à établir de véritable connexion auparavant. Lors d’une séance, j’ai sorti une balle pour l’intégrer dans nos activités. Soudain, le garçon s’est mis à parler, et il n’a plus arrêté (rires). Cette petite balle a dû déclencher quelque chose en lui. C’était absolument incroyable d’assister à une telle avancée.
Les amis et les membres de la famille accompagnent-ils également les patients ? Si vous parlez de ces moments de bonheur, j’imagine qu’ils voudraient aussi en faire l’expérience…
Laurens
Oui, tout à fait. Nous organisons parfois des séances spéciales où les parents rejoignent leur enfant, ou encore des moments où des membres de la famille viennent spontanément, sachant qu’un proche fait de l’équitation. Même les grands-parents aiment venir, prendre un café et observer la séance.
Une séance d’hippothérapie est toujours un « événement » en soi (rires).
De plus, le personnel des centres de soins enregistre souvent des vidéos ou prend des photos pendant les séances. Ces contenus sont ensuite partagés avec les proches des patients. Certains centres publient également des bulletins d’information ou des mises à jour hebdomadaires où ces moments sont inclus, permettant ainsi aux familles de rester étroitement impliquées.
Comment ces personnes arrivent-elles ici ? Je parle des patients et des accompagnateurs ?
Laurens
Les patients peuvent s’inscrire directement via notre site web, mais la majorité d’entre eux viennent par l’intermédiaire des centres de soins avec lesquels nous travaillons depuis plus de 30 ans. L’intérêt pour nos activités est tel que nous avons même une liste d’attente.
En ce qui concerne les bénévoles, nous recrutons principalement via des plateformes comme vrijwilligerswerk.be (travail bénévole), qui connecte des personnes souhaitant s’investir.
Le bouche-à-oreille joue également un rôle important. Par exemple, mon père, qui est retraité, a décidé de venir faire du bénévolat une demi-journée par semaine. En voyant cela, son voisin a voulu s’engager à son tour. Mon père fait également partie d’un club d’attelage, et l’un des membres de ce club s’est aussi intéressé à nos activités. Le mouvement continue de prendre de l’ampleur : aujourd’hui, le mardi après-midi, quatre retraités se réunissent ici pour nous aider avec enthousiasme (rires).
Nous avons des bénévoles de tous horizons. Certains adorent travailler avec les chevaux, tandis que d’autres préfèrent utiliser leurs compétences techniques, comme celles d’hommes à tout faire. Chaque contribution est essentielle, et nous sommes incroyablement reconnaissants pour leur soutien.
Combien de temps les patients reviennent-ils ?
Laurens
Certaines personnes viennent ici depuis 30 ans. Cela concerne surtout nos clients adultes, qui continuent à participer pendant de nombreuses années. En fait, certains de nos clients actuels étaient déjà connus de mon père lorsqu’il était stagiaire en ergothérapie.
Chez les enfants, c’est un peu plus variable. Parfois, des transitions importantes, comme le passage de l’enseignement primaire au secondaire, entraînent une interruption soudaine de leurs séances.
Où trouvez-vous l’argent pour tout faire fonctionner ?
Didier
Vous savez, nous ne recevons absolument aucun subside des pouvoirs publics. Nos principaux sponsors sont le Lions Club Ghent et Round Table 3 Ghent, qui ont tous deux des représentants au sein de notre conseil d’administration, ainsi que le MFC Ten Dries.
Chaque année, nous dépendons largement des activités de collecte de fonds et des parrainages pour réunir les fonds nécessaires. Par exemple, nous avons récemment organisé une campagne de vente de tomates farcies en collaboration avec le chef Dimitri Vinois de à Table.
Cela dit, relever ce défi devient de plus en plus difficile. Partout, les gens réduisent leurs dépenses, ce qui affecte également notre capacité à collecter des fonds. Pourtant, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à avancer, car nous le faisons avant tout pour nos patients. Après tout, c’est inscrit dans nos statuts:
"La mission principale de notre ASBL est de venir en aide aux personnes handicapées grâce à l’hippothérapie."
Laurens
De plus, nous ne pouvons pas facturer aux patients le coût réel d’une séance d’hippothérapie. Les budgets alloués aux personnes handicapées par le gouvernement sont loin d’être suffisants. Nous comparons souvent cela à un petit sac à dos rempli de centimes, que les patients doivent utiliser pour couvrir tous leurs frais de soins : séjour en institution, kinésithérapie, orthophonie, etc. Le peu qu’il reste dans ce « sac à dos » peut être consacré à des loisirs ou des passe-temps, mais c’est rarement suffisant pour financer une activité comme l’hippothérapie.
Si nous appliquions le prix de revient réel, la plupart des patients ne pourraient tout simplement pas se le permettre. C’est pourquoi nous avons choisi un tarif très social, ce qui nous oblige à trouver d’autres moyens pour couvrir nos dépenses.
Didier
Lorsqu’un patient vient ici, deux accompagnateurs sont nécessaires à chaque séance : l’un pour guider le cheval et l’autre pour aider directement le patient, par exemple à maintenir son équilibre. Malgré cela, nous ne facturons que 13,00 euros par séance, même avec deux accompagnateurs, ce qui est bien inférieur au coût réel.
J’ai lu que vous travaillez, entre autres, avec des formules de parrainage. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Laurens
Oui, tout à fait. Les entreprises et les clubs philanthropiques peuvent nous sponsoriser en prenant en charge des coûts annuels spécifiques, comme les dépenses liées à un cheval. Cela inclut le maréchal-ferrant, les visites chez le vétérinaire, ainsi que d’autres soins nécessaires. En résumé, ils « parrainent » un cheval.
En échange, nous reconnaissons leur soutien en installant une plaque ou une inscription dans les écuries, afin de leur témoigner notre gratitude et de valoriser leur contribution.
Surtout, nous nous efforçons d’impliquer nos sponsors.
Nous les invitons à assister à une séance de thérapie ou à organiser leurs propres réunions avec leurs membres ici, au centre équestre. Bien sûr, recevoir un soutien financier est merveilleux, mais il est tout aussi important d’impliquer les gens, d’être transparents et de leur montrer précisément comment leurs contributions font la différence.
À quoi ressemble l’avenir ? Supposons que nous revenions dans 50 ans : à quoi ressemblerait l’image idéale ?
Laurens
Dans un monde idéal, l’hippothérapie serait officiellement reconnue et soutenue par le gouvernement. Pour l’instant, nous faisons tout notre possible pour la rendre aussi accessible et abordable que possible, mais seuls quelques centres y parviennent réellement.
Nous voyons souvent de petites initiatives proposer de l’hippothérapie, mais ces services sont tout simplement inabordables pour la plupart des patients. Notre tarif de 13 euros par séance – couvrant les frais d’entretien des chevaux et de deux accompagnateurs – est très loin des coûts réels (rires).
Didier
Dans nos pays voisins, l’hippothérapie est mieux reconnue et soutenue. Notre rêve ultime est de recevoir des aides et des subventions gouvernementales. Ce manque de reconnaissance est frustrant, non seulement d’un point de vue financier, mais aussi parce que ce que nous faisons apporte une réelle valeur ajoutée à nos patients. C’est une opportunité manquée de rendre cette thérapie accessible à ceux qui en ont le plus besoin.
Laurens
Nous sommes membres de l’association professionnelle pour l’hippothérapie (beroepsvereniging voor hippotherapie), mais même elle rencontre des difficultés dans ses relations avec le gouvernement. C’est un combat complexe.
En Belgique, il n’y a que trois centres comme le nôtre qui accueillent environ 100 clients par semaine. La plupart des autres membres de l’association professionnelle sont des praticiens individuels, pour qui l’hippothérapie est une activité secondaire. Souvent, ils appliquent des tarifs très élevés, ce qui peut rendre le gouvernement hésitant à accorder des subventions. Il peut ne pas faire la distinction entre des centres comme le nôtre, qui sont ouverts et accessibles, et des pratiques plus petites et exclusives.
Nous partageons votre espoir d’une reconnaissance rapide et méritée. Ce que vous accomplissez ici est incroyablement impressionnant et inspirant. Nous vous souhaitons bonne chance et d’innombrables nouveaux moments de bonheur à l’avenir !
Coordinateur Laurens Van Hoof
Dennendreef 64
9850 Landegem, Belgique
T: 09 371 94 47
E: info@manegedennenhof.be
W: www.manegedennenhof.be
Numéro de compte BE65 7330 6254 2596 |
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Voulez-vous, vous aussi, contribuer à aider les personnes handicapées à monter en selle et à transformer leur quotidien ?
C’est possible !
En faisant un don sur le numéro de compte de l'asbl Dennenhof: BE65 7330 6254 2596
Apartado de Correos 4511190 Benalup (Cádiz)Espagne
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